« On ne peint jamais ce qu’on voit ou croit voir » - N de Staël
Le travail de Fabienne Vallet est tout sauf statique. Sa peinture est gestuelle, instinctive mais réfléchie.
Au début, les éléments s’organisent sur la toile de manière intuitive, en dehors de soi. A force d’approches tactiles au couteau, au pinceau, à la brosse, la matière trouve sa place, se déroule ou se replie, se fend, laissant entrevoir des égratignures, fragments inconscients de notre mémoire. Des taches basculent tandis que d’autres les retiennent, et dans ce mouvement à l’équilibre minéral incertain, c’est un trait de pastel, un rai de lumière qui stabilise le tout.
L’interaction de ces éléments fracturés entre eux, suspendus dans l’espace, apporte aussi à la composition une dimension résolument musicale, une résonance acoustique, un écho ou « Echoes » en référence aux Pink Floyd.
Le regard cherche un lieu où se poser. Il se laisse emporter dans le mouvement des taches, va, revient, s’attarde, se glisse dans les zones de rupture. Le récit prend place alors dans un autre espace pour résonner dans celui de l’intime, de l’indicible. Le processus visuel rappelle celui que l’artiste aimait emprunter enfant, lorsqu’elle prenait plaisir à fixer intensément son attention sur un petit coin de mur, pour faire advenir un personnage, un visage, s’amuser à le perdre, le chercher à nouveau et le retenir.
Ainsi résume-t-elle : « Je maîtrise de ne pas maîtriser – et m’efforce de saisir ce qui tente de m’échapper. Ma peinture raconte beaucoup plus que son état de surface. Elle s’invite dans l’intime. Je ne fais pas de travaux préparatoires. Je ne sais pas ce qui va advenir. C’est ma prise de risque, pour fuir. Mais, je me donne des endroits pour que les choses échappent. »
C’est une peinture secrète, discrète, intime. On y voit ce qui n’est pas, et ce que l’on voit peut se dérober. Ce qui est donné à voir est pour soi.